Minas Gerais: Danse Avec Les Loups

Après nos émotions fortes à Rio de Janeiro avec la belle famille en folie, il est temps de reprendre la route à deux et découvrir le second état le plus peuplé du Brésil: Minas Gerais. 
La démesure du Brésil se ressent pendant les interminables trajets de bus, surtout quand les 6h reliant Rio de Janeiro à Tiradentes se transforment en 9h, avec 3h arrêtés dans la nuit noire, sur un parking glauque en bord d’autoroute, sans comprendre pourquoi…


Le charme reposant de Tiradentes

Petite ville touristique très calme, dont on fait rapidement le tour à pied ou même en calèche. Comme de nombreuses autres villes de Minas Gerais, Tiradentes à un centre historique ravissant et des rues pavées encadrées de maisons blanches, avec portes et fenêtres de couleurs vives. Un style colonial Portugais rappelant celui que nous avons vu à Paraty, mais plus éloigné des masses touristiques.
Les habitants sont clairement fiers de leurs demeures qui sont parfaitement entretenues, avec de sublimes fleurs et jardins. Ici, on est surement soit un riche propriétaire soit un paysagiste! Flâner dans ces rues entre les boutiques artisanales et les cafés est un plaisir et l’on est bien loin de l’effervescence et l’insécurité de Rio de Janeiro.

La ville est surplombée par une imposante montagne, pareille à une haute muraille. C’est donc équipés de nos chapeaux-bob très seyants et gentiment prêtés par l’auberge, que nous décidons d’aller voir la vue d’en haut, magnifique et luxuriante. Une superbe balade  de 6h qui valait clairement l’effort demandé.


Ouro Preto: "Or Noir" en Portugais

Séjourner à Ouro Preto c’est faire un saut dans le temps.
La ville a connu un développement exponentiel lorsque commerçants et chercheurs d’or Européens se sont rués ici, après avoir découvert que les rivières et montagnes alentours abondaient en or, diamants, pierres précieuses et minéraux. De nombreuses mines ont été créées, travaillées dans d’horribles conditions par des esclaves amenés d’Afrique, exploitées par les colons et sévèrement taxés par la couronne Portugaise à qui revenait une grande partie de l’or miné. Au 18eme siècle, Ouro Preto fut ainsi la plus grande ville d’Amérique du Sud! 

La ville fut ensuite délaissée un siècle plus tard quand les mines d’or se sont taries, laissant une ville presque figée dans le temps. Aujourd’hui ce sont les musées, bijoutiers et boutiques de pierres précieuses qui témoignent de cette histoire, ainsi que les innombrables églises baroques, dont les dorures ont bénéficié des mines d’or de la région. Ouro Preto est bâtie sur une colline vallonnée, et ses rues pavées peuvent avoir des inclinaisons assez extrêmes, donnant lieux à de nombreux points de vue imprenables sur l’ensemble de la ville et de ses églises. 

Ici on flâne, prends des photos de ces rues historiques, profite des bières artisanales et chocolatiers gourmands, admire les pierres précieuses sans sortir son portefeuille, et on visite les musées, très nombreux dans la ville, racontant son histoire  qui a donné un tournant décisif à celle du Brésil dans son ensemble. 

On partage également une superbe soirée avec des locaux et d’autres voyageurs de notre auberge mais on se dit que, quand même… les triples lits superposés, plus jamais!!!
La région regorgeant toujours de mines en tout genre, elle compte son lot de musées exposant des métaux ou pierres aux formes toutes plus étonnantes les unes que les autres! Pour moi c’est aussi reconnecter la réalité avec mon quotidien : les musées miniers me rappellent que mes produits basiques utilisent des ressources puisées dans notre terre, exposées au musée sous leur forme minérale (du fluor dans les dentifrices, la pyrite des piles, le quartz de nos circuits électriques, le graphite dans nos crayons à papiers) !!!
Malheureusement, quelques semaines après nous apprenons que dans le Minas Gerais une catastrophe minière est survenue, la rupture d’un barrage de résidus miniers, causant la mort d’une centaine de personnes et au moins autant de disparus. Une tragédie humaine et écologique récurrente au Brésil, haut lieu d’extractions minières…


Incroyable rencontre au Sanctuaire de Caracas

Niché au coeur d’une grande réserve naturelle, ce Sanctuaire est aussi improbable que la rencontre qui s’y déroule chaque soir!! Le centre est à la fois chargé d’une mission spirituelle Catholique, de préservation de l’environnement et culturel.
Nous y sommes logés et nourris pour une trentaine d’euros. C’est l’occasion pour nous de découvrir (à volonté) les plats typiques de la région, tout est cuisiné sur place, et clairement nous nous sommes plus que régalés!! Un peu comme un séjour chez les grands parents..
Mais si nous nous sommes retrouvés ici, avec une française rencontrée à Ouro Preto, c’est parce que nous avions entendu la légende d’un loup sauvage qui viendrait sur le porche de l’église chaque soir!!
En effet, le Père du lieu nous explique qu’il y a 30 ans, les prêtres du lieu retrouvaient leurs poubelles éventrées. En mettant un bac de viande, toujours un peu plus proche, ils ont fini par découvrir les fautifs: des loups à crinière! Ils ont donc continué ce rituel de nourriture et les loups viennent maintenant chercher la nourriture jusque sous le porche d’entrée de l’église. Et malgré des générations de loups et de prêtres qui se succèdent, ce spectacle improbable continue d’arriver, immanquablement, chaque soir!!
Quand on sait que le chien provient d’une domestication du loup par l’homme, ce spectacle nous donne des frissons!
Chaque soir, nous attendons le loup avec les autres pensionnaires et avec le Père qui l’appelle « Vien Guara, Vien aqui Guarazinho ». Le loup peut venir tout de suite ou en pleine nuit. Quand il arrive, plus un bruit! C’est le plus grand des canidés avec ses 1m de hauteur au garrot, et il est impressionnant, si proche de nous, mais si sauvage, sur le qui-vive, l’oreille tendue, rôdant et faisant des aller-retour entre l’entrée et la viande! On ne se lasse pas du spectacle et du Prêtre qui narre cette histoire incroyable (avec pop corn offert pour patienter)! 
 
Initialement nous avions prévu 2 nuits ici mais… nous finirons par en passer 3, puis 4 (4 pour le prix de 3, comment refuser?!).  Chris finira même en cuisines, ayant demandé aux cuisinières de lui apprendre à faire le Pao de Queso, son nouveau craving!


Le plus grand musée en plein air du monde

Nous finissons notre séjour de la région dans la ville de Belo Horizonte, 6ieme ville du Brésil. 
Ici, nous sommes venus pour visiter Inhotim, musée d’art moderne niché dans une jungle d’une centaine d’hectares. Cette pure folie a été créé par un milliardaire de l’industrie pétrolière, et est un espace unique en son genre.
 
Même si nous ne sommes pas amateurs d’art moderne, Inhotim est un véritable Louvre du 21eme siècle! Ici, l’art est grandiose, interactif, perturbant, incompréhensible (souvent) et chaque pièce d’art est perdue au milieu de merveilles luxuriantes, et plantes venues des quatre coins de monde. 
Le musée est tellement grand que l’ont peut se déplacer en voiturettes de golf. Nous ne réussissons même pas à tout voir, malgré notre entrain et notre journée à courir, littéralement, dans le parc! 
Top 1 de Chris : Doug Aitken’s Sonic Pavilion. 
    Ici, on entre dans un dôme vitré, avec une vue surplombant le parc et des parois s’embrumant à notre approche. Et tout à coup on est surpris par un grondement, sourd, un sifflement rauque, un souffle. Au milieu de la pièce se trouve un trou creusé à plus de 200m de profondeur et bardé de micro ultra sensibles, nous transmettant les bruits et mouvements des profondeurs de la terre… 
Mon Top 1 : The Claudia Andujar Pavillion. 
    Pavillon entiter dédié à l’artiste, humaniste, avec plus de 400 photographies collectées de 1970 à 2010. Andujar est l’une des premières à avoir rencontré, et vécu, avec les communautés Amazoniennes Yanomami. Ses photos documentent leur vie et gardent par des jeux de lumières le mysticisme des moments partagés. Elle montre également les difficultés vécues face à l’armée Brésilienne en Amazonie et défendra les communautés, avec son appareil photo comme arme.
A Belo Horizonte nous ferons quelques autres musées, la ville étant un modèle de ville moderne et culturelle. Nous passerons également une superbe soirée avec les autres locataires de l’auberge, ayant ramenés un alcool assez particulier d’Amazonie, dont la bouteille est assez équivoque.
 
Audrey

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