Encore émerveillés par notre visite des chutes d’Iguazu, nous quittons l’Argentine et entrons au Paraguay en passant par le Brésil. (le tout en 1 heure puisqu’ici les pays partagent une triple frontière). Le Paraguay c’est un peu ce pays oublié au milieu du continent où assez peu de touristes vont. On y croisera seulement des backpackers au long cours, comme nous, venus y passer une ou deux semaines. Mais il s’est révélé être une très bonne surprise, surtout grâce au Carnaval d’Encarnacion que nous n’avions pas prévu


Cuidad Del Este : Shopping Land

Il faut dire que notre premier contact avec le Paraguay est assez mitigé. Autrefois appelée Puerto Presidente Stroessner, en l’honneur de l’ancien dictateur qui est resté au pouvoir de 1954 à 1989, la renommée Ciudad Del Este est en fait une ville complétement dédiée au shopping et franchement moche avec ses centaines de centres commerciaux. En effet, afin de dynamiser l’économie, les taxes sur les produits électroniques sont réduites et on peut vraiment y faire de bonnes affaires. Dommage que nous soyons en mode budget car les drones nous font de l’oeil !  Au final, notre journée shopping se limitera à des Pringles, une crème hydratante, et des bonbons chinois dégueu… De plus, pas vraiment conseillé de se balader dans les rues à la fermeture des magasins, car l’ambiance devient plus que douteuse.


Le Barrage d'Itaipu : la chose la plus chère jamais construite.

Le seul vrai attrait touristique de Cuidad Del Este, c’est le barrage hydroéléctrique démesuré d’Itaipu, construit entre 1970 et 1991 sur les rives du fleuve Paranà. 
Nous nous y rendons pour une visite (gratuite!) du barrage. La visite se fait en bus et nous ne sommes autorisés à sortir qu’une seule fois pour prendre des photos. On se rend compte alors des proportions titanesques de ce barrage hors norme partagé entre le Paraguay et le Brésil. C’est le deuxième plus grand au monde, après le barrage des Trois Gorges en Chine. Les chiffres avancés lors de la visite font tourner la tête : iis ont excavé plus de 8 fois l’équivalent du tunnel sous la manche, utilisé l’équivalent en métal de 380 Tours Eiffel et en béton de 210 stades Maracana à Rio de Janeiro. Il produit 80% des besoins énergétiques du Paraguay et 20% du Brésil !
Si sur le fond, la production d’énergie hydroélectrique est écologique, sa construction a été vivement critiquée puisqu’elle a obligé le déplacement de plus de 80.000 personnes, causé la mort de 160 autres et engendré la disparition de chutes d’eau encore plus impressionnantes que celles d’Iguazu !


La capitale : Asuncion.

Nous faisons les 6 heures de bus qui nous séparent d’Asunción. A part son front de mer sympathique, nous ne sommes pas vraiment impressionnés par la capitale Paraguayenne assez délabrée et dépourvue d’intérêts touristiques majeurs. Nous avons rencontré des voyageurs qui ont beaucoup aimé donc nous sommes peut être passé à côté mais nous n’y resterons que 2 jours. On a quand même fait un walking tour, comme dans chaque capitale, un moyen parfait pour s’instruire sur l’histoire du pays. On en apprend donc plus sur les violations des droits de l’homme (torture, enlèvements) commis sous le joug de Stroessner, la deuxième plus longue dictature du 20ème siècle avec 35 ans, contre 49 ans pour le dirigeant cubain Fidel Castro. Ou encore sur la guerre de la Triple Alliance, qui opposa le Paraguay au Brésil, l’Uruguay et l’Argentine de 1864 à 1870 et durant laquelle 80% des hommes du pays furent décimés et dont le pays mis des décennies à se remettre sur le plan démographique. Nous découvrons aussi qui sont les Guaranis, ces indiens présents des millénaires avant l’arrivée des espagnols, dont le langage est encore aujourd’hui lune angue officielle du Paraguay avec l’Espagnol.


Les missions Jésuites

Au début du 17eme siècle, pour faire face à des révoltes violentes des indigènes Guaranis, la couronne d’Espagne fait appel à l’ordre religieux Jésuite pour « évangéliser, pacifier et civiliser » ces deniers. Sont alors crées des Missions, sortes de villages bâtis par les Guaranis eux-mêmes. Elles s’étendent sur une immense région à cheval sur le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay et on en compte au total une 30aine abritant 140.000 indiens à leur apogée. Elles finissent par former un état à même de résister aux attaques des Bandeirantes, les esclavagistes portuguais basés au Brésil. Les Jésuites ont mis sur pied une organisation sociale utopique et communautaire où les Guaranis sont libres, vont à l’école, apprennent l’art et la religion. La peine de mort est abolie, et la journée de travail est d’environ 6 heures contre 12 en Europe au même moment. La société Jésuite Guarani est la première au monde à être totalement alphabétisée. Malheureusement, les missions disparaissent en 1767, avec l’expulsion des Jésuites par les Portugais à qui les Espagnols avaient cédé le Paraguay.

Aujourd’hui, les ruines de certaines missions se visitent et on se rend compte du travail admirable effectué par les indiens Guaranis. Nous profitons également d’une visite nocturne avec projection de sons et lumières sur les murs. Ce sont des lieux chargés d’histoire et on se prend à imaginer la vie là-bas il y a 250 ans.

Nous dormons dans un camping à côté des missions Jésuites et Audrey s’est fait plein de nouveaux amis Tapirs très affectueux, et bien puants !


Le Carnaval d'Encarnacion

 Nous sommes arrivés à Encarnacion dans le but de visiter les Missions Jésuites voisines sans savoir que le Carnaval s’y déroulait en ce moment ! Une très bonne surprise donc vu que nous avions loupé à quelques semaines prêt le fameux Carnaval de Rio de Janeiro. Nous sommes donc allés acheter nos places pour assister au défilé au Sambodromo, sorte de stade, enfin plutôt une grande ligne droite entourée d’estrades, construit exprès pour le Carnaval et qui peut accueillir 12.000 personnes. Quelle chance de tomber pile au moment d’un des plus grands carnavals sur Monde !

Chaque école de samba défile sur des chars plus fous les uns que les autres et tentent d’impressionner les spectateurs et les juges. Les tenues des danseuses (et danseurs !) sont incroyables avec toutes ses couleurs, paillettes et plumes. On se demande d’ailleurs comment ils font tenir autant de choses sur si peu de tissu ! On vous laisse admirer en photos ! 😉

Les spectateurs (enfants et grands enfants) se canardent avec des bombes à mousse, ou « lanza nieve », et certains se retrouvent complètement couverts alors que d’autres râlent et veulent juste apprécier le spectacle. Après deux heures de show, la pluie est venue arrêter la soirée mais les organisateurs ont ouvert les portes du sambodrome pour que la foule aille dancer sur la piste qui s’est alors transformée en discothèque géante ! Une soirée inoubliable, en compagnie de nos nouveaux copains Virginie et Gauthier rencontrés la veille lors d’une visite d’une fabrique de maté, la boisson caféinée locale dont nous vous parlerons dans le prochain article. (il est déjà assez long celui là !)

Nous passons le lendemain à récupérer de la soirée à Encarnacion et nous découvrons une ville très sympathique avec un bord de mer fait de grandes plages, vendeurs en tous genres et bars de plage, électro, reggeaton ou salsa à fond.
Finalement je trouve dommage que de nombreux touristes choisissent d’ignorer complètement le Paraguay car nous y avons passé des moments bien sympas. Mais, selon moi c’est surtout pour les Paraguayens que le pays vaut la peine d’être visité. Ils sont vraiment sympa, toujours prêts à aider et très curieux envers les étrangers et touristes. Nous avons été pris en stop sans même l’avoir demandé, juste en attendant un bus ou demandant notre chemin. Souvent assez croyants, mentionnant leur karma et espérant s’attirer de bonnes grâces sur eux et leur famille. Ils nous rappellent un peu les Colombiens mais en moins fêtards ! En tout cas nous verrons la différence en entrant en Uruguay, notre prochain arrêt…
 
Chris 🙂