La Patagonie Argentine

La Patagonie… un nom qui fait rêver n’importe quel voyageur amoureux de nature et de grands espaces. C’est la terre du bout du monde, explorée il n’y a pas si longtemps par d’intrépides aventuriers comme Fitz Roy ou Perito Moreno. Des hommes aussi courageux que fous pour traverser de telles distances à cheval dans des contrées inconnues au climat hostile. Pour notre part, toujours accompagnés de Karin et Fred, nous prenons l’avion de Buenos Aires pour rejoindre Bariloche, la porte d’entrée de la Patagonie Argentine.


Bariloche

A l’arrivée nous nous sommes demandés si nous n’avions pas pris un avion retour direction la Suisse ou l’Autriche ! Ici c’est ambiance chalets et boutiques de chocolat. La ville se transforme d’ailleurs en station de ski huppée en hiver, malgré ses 760m d’altitude seulement, avec la vue des pistes sur le lac Nahuel Huapi.

Nous aurons également une vue imprenable sur le lac puisque Audrey nous a réservé une auberge de jeunesse au dernier étage de l’immeuble le plus haut et laid de la ville (ce qui n’a pas d’importance puisque nous sommes à l’intérieur !). Ici aussi c’est ambiance sports d’hiver et nos apprenties backpackeuses s’y sont senties bien à l’aise malgré la cohabitation serrée à 4 dans une chambre avec lits superposés. Karine y a même trouvé Jesus… Un Vénézuelien qui a étudié en France dans son lycée et qui travaille maintenant à la réception de l’auberge ! Quelle coïncidence !

Comme nous avons peu de temps, nous décidons de louer une voiture pour 2 jours afin d’aller explorer les alentours par nous-mêmes.
Le premier jour nous réalisons la petite boucle, ou circuito chico. Le premier arrêt au Cerro Campanario nous en mettra plein la vue ! Nous prenons un télésiège pour nous rendre au mirador et profitons d’un panorama à 360° sur la region. Les images parlent d’elles-mêmes…

Nous continuons notre route vers le célèbre hôtel 5 étoiles Llao Llao, tellement emblématique qu’il était présent sur les anciens billets de 1 peso ! Nous y prendrons un café terrasse au milieu de touristes qui eux ne sont clairement pas des backpackers! Sur le retour, nous faisons un bref arrêt à Colonia Suisa, qui nous paraît plutôt être un fake village suisse à touristes, avant d’aller prendre un verre bien mérité à la fameuse brasserie Patagonia, délicieuse bière vendue dans toute l’Argentine, avec un cadre magnifique.

Le lendemain, nous nous attaquons à la route des 7 lacs, une boucle de plusieurs centaines de kilomètres, que nous ne ferons qu’à moitié car bien trop long pour une seule journée. (Des Lacs ! Des Lacs ! On veut voir des Lacs !)

Il est temps de nous en aller vers El Chaltèn, la capitale nationale du trekking, Avant de partir, j’ai fait réparer mes chaussures de rando qui avaient déjà pas pal souffert en préparation pour les kilomètres de marche qui nous attendent !


El Chalten

C’est lors du trajet entre Bariloche et El Chalten, 1 300 km plus au sud, que nous prenons pour la première fois la mesure de l’immensité et de la beauté de la Patagonie. Partis à 7h du matin, nous arriverons à la même heure le lendemain ! 24 h de bus ! Nous n’avions jamais fait autant et nous n’avons pas regretté d’avoir choisi les bus couchettes un peu plus chères. Le seul arrêt se fait pour le repas, dans un restaurant minable, paumé, et seuls les chauffeurs avaient leur repas de servis. Les passagers devaient de contenter de chips et de mauvais sandwichs…

On arrive un peu (beaucoup) cassés et découvrons un petit village de quelques centaines d’habitants complètement dédié à la randonnée. Pas le temps de se reposer, ni une ni deux, après un petit déjeuner copieux, nous partons pour la Laguna Torre! Une marche de 20km… 10h… 800m de dénivelé et des paysages à couper le souffle tout le long. Arrivés en haut, on découvre de loin notre premier glacier qui semble couler de la montagne vers la lagune.

Et moi qui croyait que ça allait être pépère avec nos deux Mamans invitées. Que nenni ! C’est plutôt elles qui nous ont traînées ! Nous remettrons même ça le lendemain pour une marche encore plus difficile pour rejoindre la Laguna de Los Tres, base du fameux Mont Fitz Roy. 24km, 11h et 1 200 m de dénivelé positif, c’est long ! On peine surtout sur la dernière montée vraiment raide mais censée nous offrir la vue sur le Mont Fitz Roy, tant attendue et emblématique de la Patagonie. Alors on force et on prend sur nous et nous arrivons enfin en haut pour découvrir : Rien, Nada ! Une véritable tempête de neige s’abat sur le sommet et nous ne pouvons même pas apercevoir la lagune juste en face. Il est même pénible d’y rester car on se les gèle vraiment et nous décidons donc de redescendre bredouilles, sans avoir vu le Fitz Roy qui restera dans les nuages pour le reste de la journée.
Il faut dire que Chaltén veut dire Nuage en Tehuelche langue des indigènes vivant ici avant la conquête espagnole. Il est assez rare que le Fitz Roy soit complètement dégagé. 

En tout cas j’étais assez fier de moi d’avoir pu enchaîner d’affilée deux randonnées assez difficiles, et je ne savais pas que Karin et Fred étaient aussi en forme ! Le lendemain, pleins de courbatures, nous prenons le bus direction El Calafate, où se trouve le glacier le plus célèbre du monde : le Perito Moreno.


El Calafate

 Nommée d’après un petit buisson local qui donne des baies semblables à une mûre, El Calafate est une ville très touristique et nous avons loué un chalet où nous passerons 4 nuits.

La grande attraction ici, c’est le glacier ! Nommé en l’honneur de l’explorateur Franscisco Moreno qui a joué un rôle important dans la conquête de la Patagonie et la défense des frontières argentines contre le Chili, c’est un glacier très particulier car il avance sans cesse. En arrivant, on se retrouve en face d’une langue de glace de 30km de long qui descend et vient se jeter dans le Lago Argentino. Le front du glacier, où il se casse à la rencontre avec l’eau, fait 5 kilomètres de long, s’élève à 70m au-dessus de l’eau et on estime une hauteur totale de glace de plus de 170m ! Autant dire que la rencontre avec le géant de glace est impressionnante et on se sent tout petit à observer sa couleur bleutée magique, écouter les craquements de la glace et guetter l’effondrement d’énormes pans qui tombent dans l’eau avec fracas.

Mais non content de le regarder, nous allons pouvoir le toucher et même marcher dessus ! Nous avions réservé cette activité depuis deux mois et nous avions vraiment hâte de nous frotter au Perito Moreno (enfin façon de parler). Nous partons tôt le matin pour prendre un bateau qui nous emmènera au glacier.  Après l’ajout de crampons en métal à nos chaussures de rando, nous voilà partis crapahuter à la queue leu leu pendant deux heures sur la glace. Ce n’est pas très difficile mais on nous recommande de faire très attention à ne pas tomber car la glace peut être très coupante et il y a des crevasses donc il faut bien suivre son camarade de devant ! On a adoré cette activité vraiment hors du commun et avons même été récompensés à la fin d’un verre de whisky, on the Rock bien sûr !

Tout séjour en Patagonie ne peut être complet sans visiter une Estancia, ces fermes tenues par des gauchos, les cow-boys argentins. 

Les Estancias sont d’immenses propriétés agricoles d’élevage (traditionnellement de mouton), qui comptent plusieurs dizaines, voire centaines, de milliers d’hectares chacune (Paris Intramuros a une surface d’environ 10 000 ha !). Elles résultent du mode de colonisation qu’employèrent les espagnols pour conquérir les terres de Patagonie. Le mot Estancia dérive du verbe « Estar » qui signifie dans ce cas « être quelque part » en espagnol. Des contrats étaient passés avec des pionniers : s’ils pouvaient rester et exploiter plus de 30 ans cette terre inhospitalière, elle leur appartiendra. Ces immenses propriétés sont aujourd’hui, environ 200 ans plus tard, souvent encore en possession de propriétaires privés, qui exercent un grand pouvoir économique et politique dans la société argentine.

Nous visitons l’Estancia 25 de Mayo, qui se trouve juste à la sortie de El Calafate où nous profitons d’une soirée vraiment agréable. Nous verrons une démonstration de rassemblement de troupeau avec cheval et chien, et aussi de tonte de mouton (au ciseau s’il vous plaît !) Autour d’une dégustation de maté et de café gaucho (fait en immergeant de la braise chaude dans le café pour faire décanter le marc de café !), on nous raconte l’histoire de l’Estancia et les conditions d’élevage. Ici, on fait dans l’extensif : chaque mouton a besoin d’un hectare, et chaque vache de 4 hectares ! C’est dire à quel point la terre est pauvre. Mais cela est aussi responsable du goût incomparable de la spécialité locale : le Cordero Patagonico, veau à la braise que nous dégusterons avec un bon Malbec et un spectacle folklorique de musique et danse traditionnelle gaucho.

Nos dix premiers jours en Patagonie auront été intenses et vraiment inoubliables en compagnie de Karine et Fred, qui ont été d’excellentes camarades de voyage, toujours partantes pour tout et vraiment marrantes 🙂 . Il est temps pour elles de repartir vers la France après deux semaines qui sont passées très vite, et pour nous de nous reposer quelques jours à El Calafate pour préparer la suite de notre aventure Patagonienne, cette fois ci du côté Chilien !

A très bientôt 🙂

Chris

One Reply to “La Patagonie Argentine”

  1. Un séjour vraiment inoubliable concocté sur mesure par nos deux sympathiques guides Audrey et Chris pour nous faire découvrir les plus beaux paysages de Patagonie : la région des lacs immenses, les randonnées en montagnes dans un vent souvent glacial, la marche sur les glaciers féériques… Sans compter la dégustation des spécialités locales. Bref, Fabuleux !
    Karin

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