Santiago, capitale du chili
Après un mois très nature fait de camping sauvage, randonnées en Patagonie et de road trip sur la petite l’île rurale de Chiloé, il est temps de se re-civiliser ! Pour ça, rien de plus urbain qu’un bain de foule à Santiago et de bitume à Valparaiso.
Santiago est la capitale du Chili, c’est une ville à l’allure très Européenne, avec son lot de musées et de beaux bâtiments de style gothique, art déco ou néo-classique. Les Chiliens du bout du continent nous ont souvent répétés à quel point la capitale était malfamée, carrément à éviter, mais que neni! Bien sûr on est loin des 4 habitants/ km2 de la Patagonie, mais rien de bien craignos au centre de la ville, on se croirait facilement dans une ville de notre continent.
Nous sommes hébergés par un super couple franco-canadien Audrey & Félix, rencontrés 1 mois auparavant. C’est un plaisir de retrouver des compagnons de voyage et le programme est simple: aprem BBQ piscine & pisco et soirée funk!
On se balade plus dans les quartiers que dans les allées des musées, mais on ne loupe pas notre rdv habituel des capitales: le free walking tour. Un must pour en apprendre plus sur l’histoire des pays que l’on visite. Et comme les autres pays d’Amérique du Sud, le Chili à connu différentes dictatures et scandales ces 50 dernières années, et la page des histoires d’affrontement avec les indigènes n’est malheureusement toujours pas fermée…
La colonisation du Chili par les Espagnols a commencé avec l’explorateur F. Magellan qui découvre le Chili à l’endroit du détroit portant son nom (et où nous étions quelques semaines auparavant). Puis sont arrivés les conquistadors Espagnols, venant du Pérou colonisé par Pizarro. Initialement sous la direction de Pizarro, le conquistador Valdini bâti les villes de Santiago et Valparaiso. Mais sa conquête du Chili est arrêté à mi-chemin par la résistance des indigènes Mapuche.
Ayant déjà résisté à l’empire Inca, les Mapuche ne céderont jamais face aux colons Espagnols. Ils leur font face dans une guerre qui dura 300 ans! Des traités de paix sont alors signés entre le peuple Mapuche et la couronne Espagnole puis lors de l’indépendance du Chili en 1818, la souveraineté des Mapuche sur leur territoire est reconnue et maintenue.
Mais en 1880 l’Argentine et le Chili initient une « pacification » des Mapuche reconnus comme « envahisseurs ». C’est une guerre violente contre les peuples indiens, leurs droits de propriété précédemment reconnus sont reniés, les Mapuche expulsés ou tués et 95% du territoire est redistribué à l’état et repeuplé par des colons. Ainsi c’est à la fin du 19ième siècle que les deux pays obtiennent leurs frontières sud actuelles.
Aujourd’hui les tensions et confrontations violentes sont encore fréquentes, les indigènes protestent pour la reconnaissance de leurs territoires, cultures et identité. Environ ~5% de la population Chilienne se reconnait comme indigène, ils sont parmi les plus pauvres des Chiliens. Les terres ancestrales Mapuche sont surtout utilisées par les industries forestières pour des mono-cultures de pin et d’eucalyptus dédiées à l’exportation.
Valparaiso, le paradis du Street Art
Valpo, comme les locaux l’appellent, est la deuxième ville du Chili.
Ses habitants sont entassés dans des maisonnettes colorées qui courent le long des collines tandis que le front de mer est partagé entre digue et port de marchandise international.
L’ambiance est bohème, artiste, nonchalante, étouffante.
Les vieilles rues forment un labyrinthe escarpé et coloré où l’on se perd à chaque tournant. Et d’une semaine à l’autre les rues peuvent changer et raconter une histoire différente! Ici chaque rue est une galerie d’art. La ville est devenue le terrain de jeu des meilleurs graffeurs et des immeubles entier sont couverts à la bombe.
Les maisons ont du caractère, souvent recouvertes de tôle, plus ou moins charmantes ou décrépites, l’ambiance est très changeante selon les quartiers, plus ou moins fréquentables… (clairement PAS fréquentables en s’éloignant du centre).
Notre auberge est située près du port, pas le meilleur quartier, mais comme toujours il suffit de rentrer en taxi pour éviter les ennuis.
Nous retournons plusieurs fois dans le quartier hippie chic de la ville avec toutes ses fresques, restaurants et cafés. Les dessins jouent souvent avec les structures des maisons, racontent des histoires dissimulées du pays ou de la ville et de ses influences.
Il est dur de se retenir de ne pas bombarder chaque rues de flash!
La situation géographique particulière de la ville, très pentue, a mené la ville à réfléchir à son réseau de transport. Ainsi 15 funiculaires très pittoresques lient le centre ville aux sommets des collines. Ces vieux ascensores sont classés monuments historiques avec des vues imprenables et des couloirs improbables mais surtout ils sont un moyen de transport rapide et peu cher pour les habitants de Valparaiso.
On aura découvert les escalatores ouverts de Medellin en Colombie pour dynamiser les citées, les oeufs de La Paz en Bolivie pour couvrir une ville tentaculaire et maintenant ces charmant funiculaires en bois ! Ça nous change du métro.
Valparaiso c’est aussi ici que débuta le coup d’état du dictateur Pinochet.
En 1970 le candidat populaire Salvador Allende est démocratiquement élu président. Il entame des réformes populaires (nationalisation des banques et des mines de cuivre américaines, rétribution des terres aux paysans, augmentation des salaires…). Mais 3 ans plus tard l’inflation du peso Chilien explose, le mécontentement gronde et les grévistes sortent dans les rues.
La montée du communisme en période de Guerre froide mondiale déplaît aux Américains et grâce à WikiLeaks, le soutient direct de la CIA pour déstabiliser Allende et faciliter le coup d’état de Pinochet en 1973 est maintenant indiscutable (ainsi que dans plusieurs autres dictatures d’Amérique Latine de cette période).
La dictature militaire de Pinochet dure 17 ans et les violations de droits de l’homme se succèdent avec plus de 38 000 torturés, 3 200 morts, arrestations ou disparitions des opposants, des indigènes, et des milliers d’exilés. Mais elle reste longtemps minimisée à l’international sous couvert de lutte contre la propagande communiste.
Sous Pinochet un régime hyperlibéral est instauré. Les conséquences économiques sont discutables mais l’impact social est désastreux avec le recul des droits des travailleurs, le creusement des inégalités, et la sur-exploitation des ressources humaines et naturelles, peu encadrées.
Suite à de fortes contestations populaires et politiques, Pinochet perd le référendum qu’il a organisé et est destitué en 1990.
Mais aujourd’hui encore le pays souffre de fortes inégalités et en rencontrant des Chiliens nous avons été choqués d’apprendre par exemple les difficultés des retraités, que l’ont voit fréquemment effectuer des petites ventes de rue. Les retraites ont été privatisées sous Pinochet, instaurant un système de cotisation obligatoire à un fond de pension privé. Les faibles retraites reversées ne permettent pas aux personnes âgées de vivre dignement tandis que les fonds réinvestissent 60% du montant des cotisations en privé.
90% des retraites sont inférieures à 209€ et on confirme, c’est un revenu risible par rapport au prix de la vie au Chili !
Valparaiso n’est pas seulement habitée par des Chiliens, et près du marché au poisson on retrouve nos chers lions de mer !
Il est maintenant temps pour nous de retourner du côté Argentin, attirés par la réputation viticole internationale de Mendoza, ville voisine.
Mais le Chili aussi est réputé pour ses vins! On s’arrête donc en chemin visiter le vignoble de San Esteban dans la superbe vallée de l’Aconcagua pour une dégustation et visite.
Audrey