Voyage au bout du Monde…

En Route Vers Ushuaïa !

Notre challenge: traverser la grande île de la Terre de Feu en stop jusqu’à Ushuaïa, en s’arrêtant en chemin voir une colonie de Pingouins Rois! Le stop nous permet de découvrir une autre façon de voyager, de rencontrer les locaux, et d’économiser sur les bus hors de prix.

 La chance nous sourit, et nous rencontrons Amaru et son pick-up, qui nous dépose juste devant le Parque Pinguino Rey! Il faut dire que notre pancarte est plutôt réussie. 😉

On découvre avec émerveillement une grande colonie de Pingouins Roi qui se prélassent, et il y a même des nourrissons !!! Les petits ressemblent à d’énormes peluches d’1m trop mignonnes tandis que les adultes atteignent jusqu’à 1m20, 12kg et ont un superbe plumage avec un dégradé jaune-orange! C’est la plus grande espèce après les pingouins empereurs. Le spectacle est grandiose ! On peut même voir les parents qui secouent la tête puis régurgitent bruyamment pour nourrir leurs petits.

Nous continuons ensuite notre route vers Ushuaïa et rencontrons sur la route José et Lucila, un couple de retraités locaux pure souche qui nous prennent en stop vers Rio Grande, où ils vont voir leur fille. Quelle chance ils n’y sont pas allé depuis 12 ans ! Nous faisons 3 heures de route en leur compagnie en partageant le mate. En arrivant a Rio Grande, leur fille nous invite a boire le café…. Un café qui se transformera en une invitation à passer la nuit chez Claudia et Victor et partager une super soirée à chanter autour d’un asado délicieux ! Oui, les argentins ont un barbecue dans leur salon, un peu comme une cheminée, mais en barbecue ! Pratique pour faire des asado tous les jours. Les argentins sont loin d’être végans!

Une belle famille que nous n’aurions jamais eu la chance de rencontrer si nous étions simplement partis en bus. Le stop c’est aussi ça!

Le lendemain, après que nous leur ayons préparé des crêpes pour le petit déjeuner, notre nouvelle famille de Patagonie nous dépose en ville, et nous voilà donc repartis en stop ! Au bout de 20 minutes un pick-up s’arrête et nous filons à 160km (un peu trop vite…) jusqu’à Toluihn. Et la… Échec, il pleut des cordes, personne ne s’arrête… Le stop devient bien moins marrant dans ces conditions, on finit par prendre un bus pour les derniers km avant Ushuaïa…

Le Bout du Monde !

Arriver à Ushuaïa nous donne un sentiment de fierté et d’excitation : on a vraiment traversé le continent de haut en bas ! 

Ushuaïa est bordée par l’océan d’un côté et par de hauts sommets et glaciers de l’autre. La ville se distingue par ses maisons de tôle, typique du sud du continent, et ses énormes paquebots et brises-glace à quai. Ushuaïa est agréable plein de touristes très aisés, la plupart prenant part à des expéditions en Antarctique qui valent dans les 3 000€ la semaine. Donc forcément pour nous, ça sera plutôt visite des parcs naturels, musées, et repas de pâtes à l’auberge! On s’accorde tout de même quelques gâteries, car comme dans le reste de la Patagonie les ramettes de chocolat sont délicieuses, et le Malbec argentin est parfait en toute occasion et peu cher. Nous passons une superbe semaine et rencontrons pas mal de backpackeurs au long cours, tous bien portés sur le trekking!

L’un des glaciers est visible depuis la ville et nous lui rendons une visite en randonnée, écourtée par la météo difficile… Mais on apprécie déjà les magnifiques couleurs d’automne dans les arbres et les feuilles au sol le tapissant de jaune et rouge.

 Puis on se prépare pour une expédition Man vs Wild 🙂 nous deux, notre tente, le réchaud et la pompe filtrante qu’un français nous a prêté, pour boire l’eau directement de la rivière ! Le top! On a aussi loué des isolants pour nous séparer du sol pour ces nuits fraîches. 

Après une belle balade le long du canal Beagle, à longer des criques couleur vert ardoise, et des forêts aux feuilles d’automne, on arrive au centre du parc avant la nuit, et on se choisit un endroit plat, abrité, en bord de lac pour monter la tente. 

Évidemment, la nuit ne se passe pas de manière si poétique, on se réveille aux premières heures, à grelotter malgré les sacs, les fringues et les isolants en aluminium, la température a chuté en-dessous de 0°c pour ces deux nuits. La preuve : les flaques d’eau étaient gelées au réveil le matin.

Peu importe, on se motive pour une sacré randonnée, à l’ascension du mont Cerro Guanaco: 10h et quasi 1 000m de dénivelé. La petite balade le long des lacs se transforme très rapidement en une rude montée sans fin, nos mollets trinquent et on manque de snacks. Mais surtout, c’est une randonnée semée d’embûches : impossible d’éviter les tourbières qui s’étalent sur des kilomètres. On essaie de passer d’arbre en arbre en s’agrippant aux branches, on essaie de passer par la rivière, des randonneurs sur le retour nous conseillent un détour hors des chemins mais impossible à trouver… Bref la galère mais on s’en sort bien!! On est quasiment sortis de cette galère quand… Chris s’enfonce dans la tourbe jusqu’au genou! 

Un fou rire bienvenu, surtout avant la crise: l’ascension finale devient presque de l’escalade à quatre pattes. Les roches glissent sous nos pieds et le « chemin » est à peine creusé sur la pente vertigineuse, la chute n’est absolument pas permise! La vue du sommet est magnifique, un 360° sur toute la baie d’Ushuaïa, le canal du Beagle, ses îles et les superbes lacs de glaciers.

Le lendemain on découvre le reste du parc (sans dénivelé cette fois 😍) et les ravages dûs aux castors!! Implantés par les autorités locales dans les années 1940 pour le commerce de leur fourrure, ces envahisseurs venus du Canada n’ont aucun prédateurs en Terre de Feu et détruisent les forêts d’arbres centenaires à grand renfort de barrages impressionnants et d’inondations. Malheureusement la flore ici n’est pas adaptée pour ces changements récents introduits par l’homme, et les gardes forestiers guettent les castors pour les abattre la nuit! De même pour les énormes saumons que l’on voit remonter le fleuve, arrivés inexplicablement il y a 5 ans seulement, les gardes forestiers doivent s’en débarrasser pour ne pas bousculer un écosystème non adapté.

Être à Ushuaïa c’est aussi s’imprégner de ces histoires extravagantes, faites de grandes expéditions maritime et de choc de civilisation. En effet, quand les premiers explorateurs européens (Magellan en 1520) ont découvert le canal Magellan, ils ont découvert également la Terre de Feu, qu’ils pensaient être un autre continent, et qu’ils ont nommé ainsi au regard des différents feu allumés, visibles sur l’île ! L’île était peuplée par différentes tribus indigènes comme les Selk’nam (des chasseurs-cueilleurs) ou les Yamanas (vivant de pêche et crustacés). Ces tribus étaient bien loin de la modernité Européenne, ou même de celle du continent Américain. Les Yamanas étaient nomades, restaient nus ou vêtus d’une peau de guanaco, vivaient dans des huttes minuscules et faites de branches pour les protéger du froid et se déplaçaient essentiellement en canoë, sur lesquels ils amenaient leur feu qu’ils entretenaient avec une grande vigilance. Leur corps était même adapté à leur mode de vie, avec des bras plus longs et puissants comme en témoignera Darwin!

Parmis les rencontres notables avec ces indigènes, il y eu en 1820, l’expédition Britannique du HMS Beagle qui avait pour but de cartographier la région et qui se retrouva confronté aux Yamanas. À leur égard, les indigènes montraient soit de l’agressivité, effectuaient de nombreux vols dès que l’occasion se présentait ou les harcelaient pour des échanges de poisson contre babioles venues d’Angleterre…. Suite à plusieurs accrochages, le commandant Fitz Roy décida d’emmener 4 jeunes Yamanas sur son bateau, de les éduquer en Angleterre pour leur inculquer l’anglais, l’agriculture, la construction et la religion et faciliter les futurs échanges. Pendant 3 ans ils deviennent de parfaits anglais, bien éduqués, distingués dans leurs costumes élégants, capables de converser, et rencontrant même la Reine d’Angleterre ! Puis une deuxième expédition de cartographie va permettre au commandant Fitz Roy de les ramener en Terre de Feu, accompagné en son bord du jeune naturaliste Darwin, qui fait ainsi son premier et célèbre voyage! Hé oui, nous l’avions « rencontré » au Galapagos mais avant cela Darwin était également passé par là Terre de Feu!

La mission de Fitz Roy et les missions évangéliques qui suivirent furent des échecs, malgré la bonne volonté initiale de Jemmy Button, l’un des jeunes Yamanas, sa tribu n’a que faire des connaissances du continent…

De nombreuses missions évangéliques se succèdent, ainsi que l’annexion et le peuplement/colonisation de la Terre de Feu par le Chili et l’Argentine avec pour seul résultat les maladies et la réduction progressive des indigènes et de leur culture, jusqu’à leur disparition.

Avant de repartir vers le continent, nous profitons d’une dernière randonnée vers la Laguna verde qui nous offre des paysages hauts en couleurs et très photogéniques ! Parfait pour terminer notre exploration de la Patagonie. Prochaine étape : l’île de Chiloé au Chili, 1500 km au nord .

Audrey

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